TUI SHOU 3
Tui shou
de compétition

 

   

Les tui shou et la compétition

En Asie, en Europe et en France ont été créé des compétitions de tui shou. Cela pose divers problèmes pour le choix des règles sportives, car les tui shou ne sont pas le combat. 
Le premier but des tui shou est l'étude des forces essentielles, l'écoute du partenaire, la sensation du toucher et l'enracinement. Les tui shou sont une étape d'étude avant l'enclenchement des techniques finales (frappes, balayages, projections, clés).
Le barème des points en compétition se fait sur des techniques visibles :
les déséquilibres dans toutes les directions.
Nous allons analyser à travers des vidéos, les quatre formes compétitives de la fédération  française des arts martiaux chinois :

Création de cette page en 2006 mise à jour 2012 / 2017 / 2018

1. pas fixe taiji quan  (ouvert à tous les styles)
2. pas mobile (ouvert à tous les styles)
3. libre  (n'existe plus en 2010/ 2017...de retour en 2018!)
4. tui shou yi quan compétition  (réglement pas mobile..en 2017)

Dans le règlement de la fédération les techniques autorisées sont les 
8 portes du taiji
:
Peng : force de l'arc parer/extension, lu : tirer, an : presser, ji : pousser, lié : fendre/tordre, cai :saisie, zhou :coude, kao :épaule.

En résumé, sont autorisées toutes les techniques, sans frappes, même avec le coude et l'épaule, permettant de déséquilibrer son adversaire "heurt sans bruit" ?? d'après le règlement.

 

1.Pas fixe Taiji Quan

Comme nous le voyons sur cette vidéo, la compétition de "pas fixe" est un drôle de jeu. "Je perds si je bouge le pied".Cela n'a plus de valeur martiale car les compétiteurs prennent des attitudes et des postures pour ne pas bouger : torsion dangereuse du corps, postures trop larges. Traditionnellement, l'étude du pas fixe se basait sur l'enracinement avec écoute et continuité. Dans cette forme compétitive où l'arbitre donne le signal du départ, il n'existe plus de phase d'écoute et de constance, simplement une réaction spontanée. Les réponses aux actions de pousser sont des réflexes inutiles. En combat on bouge, on absorbe ou on frappe pour dévier les forces. On ne plie pas son corps dans tous les sens. Cette gesticulation pour gagner des points génère un comportement corporel qui n'est valable que pour ce jeu.

 

2. Pas mobile
 Compétition pour tous les arts internes ( taiji, yi quan, bagua, xingyi...)

Dans cette vidéo, nous voyons que la ceinture rouge met les mains au niveau du biceps et les bras sous les aisselles de son adversaire pour l'empêcher de pousser et annuler ainsi les déséquilibres. Dans le cas présent, les bras ne servent pas à se protéger ou parer des attaques. Ces gestes négatifs seraient périlleux dans une optique traditionnelle : la clé de bras serait facile pour la ceinture bleue. La compétition engendre des réflexes défensifs (saisie, blocage des bras, collage au corps) pour éviter la perte de points. Normalement ces gestes sont sanctionnés. Les mains et les bras dans l'art martial doivent viser le centre et servir de bouclier. En sortant les mains du centre et en saisissant pour empêcher la poussée, le fondement (coller sans saisir) des tui shou disparaît.

 

3.Le pas "libre"
N'existe plus en compétition en 2008 / 2017
De retour à l'Europa Taichi 2018 
"réglement pas mobile" + balayages et projections

Le "libre" autorise les balayages et les projections. Ce n'est plus le tui shou mais un combat de lutte. En autorisant les balayages et les projections, il n'est plus nécessaire de pratiquer les tui shou car les techniques de lutte demandent du corps à corps qui n'existe pas en tui shou traditionnel. Les tui shou sont fait pour annuler ce corps à corps, le contact des avants bras suppose de maintenir une distance entre soi et son adversaire pour éviter d'être touché en attaques de percussions. Dans ce cas il vaut mieux autoriser toutes les techniques de combat. Pourquoi créer des règles qui dénaturent l'essence des tui shou . il existe déjà des compétitions de lutte chinoise

 

4.Tui Shou Yi Quan compétition

La forme compétitive des tui shou yi quan est très proche de la forme d'étude libre du yi quan. Cette façon d'exécuter les tui shou construit le corps martial : Le corps bouge en entier, les bras protège bien le corps, pas de torsion inutile du haut du corps, déplacements dans toutes les directions, continuité dans les actions. Cette compétition peut aussi engendrer des habitudes négatives. Le fait de marquer des points sur les poussées crée une grande tension corporelle pour garder le contact ou pousser. Pour les pratiquants c'est un frein dans la recherche de l'état de corps disponible et souple, agile. Pousser l'adversaire avec une force brute rigide n'est pas utile pour le combat libre, faire un pas en arrière sur une poussée en combat martial ne signifie pas "perdre le combat". 

 

Adaptation des tui shou à la compétition ?

Comme on le voit dans les vidéos, il est très difficile de mettre des règles sportives en place sans dénaturer des pratiques martiales. Les tui shou sont des exercices culturels qui sont liés à une conception de la pratique très éloignée de la compétition.
L'écoute de l'autre demande un relâchement et une harmonie de base qui sont contraires à la pratique compétitive. La pratique libre en compétition des tui shou suppose d'avoir acquis une manière d'être et de faire. La compétition est un très bon test pour soi-même et pour connaître ses capacités. Il faut voir si cette pratique est bénéfique ou non pour progresser dans l'art martial. Si cela engendre trop de tension (corps et esprit), ou de mauvaise attitude martiale, il vaut mieux  pratiquer ces exercices entre amis avant un bon repas ou après une belle promenade pour le plaisir.
 


Ilias Calimintzos (créateur des régles Tui Shou pas mobile en France)
et  Pierre Gaggia en 1995

 

Vidéo compétition
Tui shou pas mobile 2011 FFwushu

copyright P.Gaggia 2006 / mise à jour en 2012/ 2017 / 2018