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Deux Amours, Deux Destins
 Chine 1966

   

Article de Pierre Gaggia

J'ai connu Hervé Denès  lorsque je pratiquais les arts martiaux chez Kenji Tokistu dans les années 1980. A cette époque, je savais qu’il était traducteur de chinois et interprète. Malheureusement, la chine n’étant pas complètement ouverte, Hervé Denès  était obligé d'enchaîner des petits boulots pour gagner sa vie. Il ne m’avait jamais raconté les années passées en Chine entre 1964 et 1966 et son histoire d’amour tragique avec Hsi Hsiao-jeou "Douceur de l’aube".
Cet épisode  de sa vie je l’ai découvert à travers son livre en 2015 :

Douceur de L’aube  
Souvenir
s doux-amers d’un parisien dans la Chine de Mao 
L'Insomniaque

Et voila que Jean François Billeter (sinologue suisse) en août  2017 raconte aussi sa période chinoise et son histoire d’amour avec Wen dans son livre :

 Une rencontre à PEKIN 
Edition Allia

 

 
 
Dans ces deux livres, nous avons deux parcours différents. Nous ressentons 
l' oppression du régime Maoïste. Mais grâce  à des rencontres, des situations,  les événements vont se dérouler complètement  différemment. 
On se  rend compte qu’il faut si peu de chose pour que tout bascule.

 

 
 
Pour Hervé Denès, l’interdiction d’avoir des relations avec les Chinois l’a empêché d' avoir une vie normale en Chine et ainsi de progresser dans la langue.  

« Nous ne serions donc jamais admis à partager la vie quotidienne des Chinois qui nous entouraient, voir seulement à nous rapprocher d’eux »

 
 
Jean François Billeter lui aussi a connu la même chose :  

« Les autres ne découvraient bien souvent les barrières invisibles qui nous séparaient d’eux que quand ils les enfreignaient par hasard, sans penser à mal. Elles avaient pour double fonction de nous maintenir dans l’ignorance de la réalité chinoise et de couper les chinois du monde extérieur ; »

 

 
 
L’impossibilité d’avoir une histoire d’amour avec une chinoise pour un étranger caractérise l’histoire de ces deux livres.

« Il est difficile de concevoir aujourd’hui ce que notre situation avait de miraculeux. Tout  avait été prévu, par le régime, pour rendre une telle rencontre impossible- tout ou presque. Nous ne savions pas au-devant de quoi nous allions. » J-F Billeter

Le choix était simple : il faut se marier sinon pas de relation au grand jour.
Jean-Francois Billeter a réussi à se marier avec Wen grâce à un stratagème diplomatique, malheureusement pour Hervé Denès cela n’a pas abouti.

 
  Le plus étonnant est qu’Hervé Denès et J-F Billeter se connaissaient et avaient fait des études de chinois aux langues O’. En Chine,ils se sont rencontrés et J-François Billeter a conseillé Hervé au sujet de sa relation avec Hsi Hsiao Jeou :

« Jean-François me dit aussitôt  que continuer à nous voir secrètement était très dangereux pour Hsi Hsiao Jeou ; » 
Hervé Denès
 


Hervé Denés a appris le suicide de Hsi Hsiao Jeou 
treize ans plus tard en 1979. 

« En choisissant de mourir ainsi ; 
Hsiao jeou renouait avec la tradition chinoise du suicide
comme protestation politique suprême.  
Douceur de l’aube avait 22 ans ».
Hervé Denès

Wen est décédé le 9 novembre 2012.
J-F Billeter raconte dans un magnifique
petit livre
"Une autre Aurélia",
les sensations et les émotions qu'il ressent
depuis sa disparition.


Photographies des rues "PEKIN 1966" par Solange Brand avec son aimable autorisation

Site internet de Solange Brand : http://solange-brand.com/

P.Gaggia© Février 2018            Photographies ©Solange Brand