Le pas en friction
 
MOCA BU
L'art du déplacement

 

 



La marche naturelle 
avec activation du pied

 

 

 

 


moca-bu: le pas en friction

 

 

 

 


Détails du zigzag

 

 

 

 


moca-bu avec un shi-li (pousser l'océan)

 

 

 

 


le pas glissé 

 

 

 

 


le pas glissé 

 

 

 

 


Le pas glissé à deux

 

 

 

 


Le pas à deux

 

 

 


Etude du pas en Tui shou

  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Etre en tout instant riche d'un supplément de sens et de vitalité, de sorte que le dynamisme de l'invisible ne soit jamais épuisé.
Tout début n'est jamais un pur début, et toute fin n'est jamais une vrai fin.
Shen Zongqian

 

 


Moca : friction ou frottement
Bu
: le pas 

Pourquoi le terme moca?

Dans le Yi Quan, on cherche à ressentir l'espace qui nous entourent. Pour cela, on imagine des éléments ou des actions (eau, élastiques, ballons, boue....) qui permettent aux sens d'avoir un support.
Pour le pas, l'image qui revient souvent est le déplacement du pied dans de la boue ou des billes que l'on sent sous les pieds.
La friction signifie une recherche de la consistance qui entoure la jambe et le pied.

Le "pas en friction" est une étude de la sensation de plénitude de l'espace en déplacement. Cette sensation permet de créer l'équilibre, l'élasticité, la force, la continuité.

 

La marche : un pas en avant

Le pas, la marche, les déplacements sont le fondement des activités humaines. La marche demande une grande coordination articulaire et musculaire qui nous semble facile à l'âge adulte, mais constitue un défi pour l'enfant lors de son apprentissage.
La marche est habituellement utilisée pour se déplacer d'un point à un autre.

Dans le Yang sheng qi gong elle est utilisée pour revitaliser le corps selon la vision chinoise de l'homme.
Pour l'art de combat, la science du déplacement et de la marche est fondamentale pour le changement de la distance, l'équilibre, la disponibilité du corps dans l'espace.

 

La marche et la santé

Pour la santé corporelle et mentale, la marche est essentielle. Sur le plan cardio-vasculaire, elle constitue une activité de base : quarante minutes de marche par jour permettent de maintenir notre organisme en forme.

En Qi Gong, en plus de l'aspect hygiénique, nous utilisons la marche pour activer le métabolisme du souffle vital (voir vision chinoise).

La marche en Qi Gong est une marche consciente, le Yi (intention) joue un rôle moteur pour sentir et changer l'état interne.
Les premières intentions sont la détente des épaules vers le bas, la sensation mobile du bassin, la sensation du pied sur le sol.
La recherche de la décontraction et du relâchement constitue la base de toutes les marches.
Par la suite, l'attention se porte sur un mouvement ou un endroit du corps pour activer le souffle vital.
La circulation interne des "méridiens" est naturelle, le geste ou l'attention suffisent à mobiliser le ou les méridiens correspondants.

Exemple : lors de la marche consciente avec le pas en suspension, la pose du pied masse les points du méridien du foie et de la rate qui se situent sur le gros orteil (dadun et yinbai).
Cette action est naturelle, il faut simplement faire attention au moment où on pose la pointe du pied sur le sol  (voir gif1).

 

La marche et l'art martial

En plus de l'aspect santé, l'étude de la marche et des déplacements doit servir de support technique (parades, attaques, esquives).
N'oublions pas que nous sommes vulnérables au moment où nous bougeons et lorsque nous sommes sur un pied.
Dans l'étude des déplacements, il faudra être présent lors du passage sur un pied, l'équilibre est essentiel pour pouvoir réagir par une action.
En art martial, tout déplacement du pied peut être considéré comme un coup de pied, la sensation du pied est donc fondamentale
.

 

 Spécificités des déplacements 
du yi quan

En Yi quan, nous avons deux déplacements de base, les autres sont des variantes dans l'amplitude, la vitesse et les directions.
1. La marche lente en zigzag
(moca-bu = le pas en friction )
2. Le pas glissé

les variantes :
3. La marche rapide en zigzag
4. La marche explosive en zigzag
5. Pas glissé dans les 4 directions
6. Déplacement spécifique bâton ou lance.

 

Apprentissage de la marche

1. La marche lente en zigzag
On commence en posture de Zhan zhuang
Premier exercice : prendre conscience du transfert de poids d'une jambe sur l'autre, puis sentir le pied se décoller du sol.

Deuxième exercice : déplacer le pied en avant et en arrière sur place, en s'imaginant dans la boue avec des billes sous le pied. Rechercher la sensation sous le pied.

Troisième exercice : étudier le déplacement en zigzag (voir gif), pour bien ouvrir le bassin et ne pas créer de rupture au niveau des pieds. Le pied se déplace en continu comme si l'on tirait un fil de soie avec le talon.

Quatrième exercice : étudier la marche en liaison avec les mains pour remplir l'espace en continuité : on rentre dans l'étude des shi-li. On peut dire que le Moca-bu est un shi-li du pied en déplacement, le pied est le moteur du corps pour les changements spatiaux.

Les autres marches gardent les mêmes principes mais on rajoute de la vitesse, de l'amplitude, de l'explosibilité sur le sol.

2. Le pas glissé
Ce pas s'effectue en gardant le même pied pendant le déplacement.
Le pied arrière pousse le sol, le pied avant touche le sol avec l'avant des orteils. Le pied arrière suit immédiatement comme si les deux pieds étaient attachés par des élastiques.
On retrouve la même position au départ et à l'arrivée.

Après la phase d'apprentissage des divers déplacements, on effectue un mélange libre des shi-li, fa-li et moca-bu appelé "Quan wu" : danse de la boxe, ou "jian wu" : danse de santé. 

 

Utilisation en combat

En combat, la distance d'attaque pour toucher est généralement "un pas" (plus ou moins grand suivant la technique).
L'estimation de cette distance doit être étudiée avec un partenaire (voir gif).
Si l'adversaire ne recule pas, un pas ou un pas glissé avec une technique d'attaque suffit pour rentrer dans la distance et toucher.
Le réglage de la distance se fait par petites touches avec le pas glissé (avant, arrière).
Au-delà de la distance d'attaque ou si l'adversaire recule, on peut marcher vers lui pour retrouver la bonne distance.
Le déplacement en zigzag du yi quan  peut-être utilisé pour éviter l'affrontement frontal, le passage en diagonale permet de rentrer dans l'adversaire sur une position moins forte.
L'utilisation du pas et du pas glissé dépend de la distance avec l'adversaire, le plus important est de retrouver la même position (écartement des pieds et largeur) pour avoir le meilleur placement du corps.
En Yi quan, l'étude du tui shou (voir gif) en déplacement permet de remplir l'espace lors des actions rapprochées.

 

Le Yi et les capacités dynamiques

Pour améliorer nos capacités corporelles, la pensée ou intention est primordiale. La pensée créatrice se basera sur l'étude des contraires : 
léger/lourd, lent/rapide, petit/grand, accumulation/expansion.
Pour cela on crée des images correspondant à la sensation recherchée.
Exemple :
En "imaginant d'être léger comme un oiseau" le déplacement sera plus fluide.
En "imaginant de marcher comme sur un lac gelé" la marche sera moins heurtée et plus attentive.
Toutes ces intentions peuvent être créées si l'esprit est calme et le corps détendu, d'ou l'importance du zhan zhuang.

 

" l'intention est dégagée par la forme, 
la forme se manifeste à partir de l'intention, 
la posture suit l'intention, 
la force est émise à partir de l'intention."  
Maître Wang Xiangzhai 
(fondateur du yi quan)

 

 une méditation en mouvement

L'étude de la marche est une pratique qui englobe tout notre être. Une grande conscience interne et externe réveillera tous nos sens.Comme on le voit dans les gif animés, cette marche doit être sans contrainte.Le réveil du corps et des sens demande simplement de l'attention.
Le but de l'étude du Moca-bu est de remplir le monde qui nous entoure pour s'adapter à lui.

 

"Mon premier pas sent la surface de l'eau tandis que le haut du corps est caressé par le vent. Mon second pas perçoit une surface de sable très fin que je respire, dont mes oreilles écoutent le souffle"
Ushio Amagatsu

 

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